Récit
Ce Monde m’étonne
Préface de Jean Hourlier
Extrait
« Je brûle d’étreindre cette femme qui ne donne à voir de son corps que la surface. Je voudrais éjaculer en elle, par tous ses pores, pour que tremble encore
son rire comme une fêlure sur la terre. Un homme le fait à ma place, sa verge est la mienne, la verge de Luc, telle la cime d’un jeune palmier. J’espère que j'aurai encore bien des aurores pour
la prendre à travers lui. Je respire cette femme, j’ai l’odeur de son sang quand elle égorge les monstres qu’elle enfante l’hiver sur les plages désertes et qu’elle les enfouit dans le sable,
blottie contre son oubli. Je n’ai pas le temps, entendez-moi bien, de dire la pureté de Bulle lors que leurs squelettes minuscules craquent sous ses dents aiguisées aux reflets de la lune. Pas de
temps pour la lumière blafarde de ses joues baignées de larmes quand elle mastique et avale tendrement sa progéniture. Bulle est une putain, elle est la vie-même dans l’innocence de son instinct
d’injustice. Quand elle est fatiguée, elle rampe plus qu’elle ne marche, et elle se fait foutre par tous ses orifices jusqu’à la perte définitive de toute conscience. Cette femme est une chienne
que quiconque prend dans la rue, sur les trottoirs, une saleté de chienne qui me tient lieu de Dieu. Luc l’aime jusqu’à la déraison, cette folie est ce qui le caractérise en propre et fait que je
voudrais être lui.
Je suis metteur en scène. »
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