Poème

Au-delà du dernier rivage

 

Extrait

 

Sous la voûte noire des rêves éventrés,
Je marche — funambule — sur les fils d’un éclair.
La mer crache des alphabets brûlants,
Et ton nom, Paname, jaillit comme un feu d’orage.

Je te vois courir dans les miroirs éclatés,
Ton pelage est une comète aux griffes d’or,
Et chaque étoile qui tombe dans mes mains
Porte l’écho de tes pattes, fauves et douces.

Dans les cathédrales d’ombres, les vitraux s’effondrent,
Les livres s’ouvrent en tourbillon de cendres.
Des hommes prient dans la langue des morts,
Mais moi, je t’appelle sur le rivage des songes :
“Paname, réveille le vent qui dort dans mes bras.”

Le ciel s’égorge au-dessus des dunes figées.
Je marche dans les cendres d’un incendie bleu,
Et ton regard — luciole insoumise —
Déchire le néant où le silence saigne.

Je t’écris sur des nuages trempés de pluie,
Chaque lettre s’efface sous l’assaut des marées.
Mais ton nom survit — tatoué sur les vents —
Paname, mon frère d’errance et de lumière.

Je suis la fille perdue qui murmure aux vagues,
La passante au bord des ports en ruine.
Ma robe blanche flotte comme une voile
Sous les étoiles fendues par les griffes du ciel.

Les voiliers chavirent dans mes veines ouvertes,
Et chaque battement de cœur frappe la mer.
Je te cherche dans les ruelles du temps,
Sous les arches brisées où la lune se noie.

Oh, compagnon des nuits éclatées,
Ton pelage flambe dans l’abîme des souvenirs.
Je suis cette ombre blonde qui court avec toi,
Ivresse fugace,
Fugue infinie dans les cieux qui se brisent.

Dans la poussière dorée des galaxies mourantes,
Je te porte encore — étoile indomptée.
Paname, hurle avec moi dans l’aube en flammes.
Que demain brûle ses chaînes!
Nous serons cendres d’amour
Au-delà du dernier rivage.


Télécharger
Bon de commande Au-delà du dernier rivage
Bon de commande Au-delà du dernier rivag
Document Adobe Acrobat 747.6 KB

 

Catherine Andrieu, Au-delà du dernier rivage, Éditions Rafael de Surtis, 2025 (70 pages).
www.rafaeldesurtis.fr