Poème

Fauve au creux des absences

 

 

Extrait

 

Sous les cieux déchirés par des éclats d’étoiles,
La mer chuchote au vent d’étranges mandragores.
Une femme aux yeux pleins de naufrages et d’or
Serre un chat d’argent, maître des vents sans voiles.

Les rochers noirs dressés, comme des spectres fous,
Griffent l’horizon bleu d’un cri d’éternité.
Mais la robe de brume et de perles lactées
Danse aux pieds de l’abîme où s’effondrent les loups.

Ô chat, voyageur né des constellations,
Toi qui portes en toi le silence des sphères,
Écoute ! La mer pleure, et l’aube aux éclairs clairs
Frappe son glas d’argent sur les constellations.

La jeune femme, sœur des songes oubliés,
Pose son front sur l’astre à la fourrure sombre,
Comme si la nuit, prisonnière de l’ombre,
Avait laissé là ses secrets effacés.

Elle murmure au chat, l’âme prise au velours :
« Paname des cieux, guide-moi dans la nuit !
Toi qui sais les sentiers des lunes infinies,
Montre-moi l’horizon où s’achève l’amour. »

Le chat ne répond rien. Mais ses prunelles d’ambre,
Aussi vastes que l’océan infini,
Gardent le feu discret des mondes engloutis
Et la mémoire d’un temps qui survit dans les chambres.

Alors la mer recule, effrayée par le sort,
Et le ciel se déchire en éclats de comètes.
Dans le sable brisé, les rêves se répètent :
L’âme du chat veille, et le silence est d’or.

Et sur la plage blanche, où l’étoile descend,
La femme en robe claire enlace son mystère.
Le chat d’éternité, venu des vents stellaires,
Lui murmure un adieu dans le souffle du temps.


 Catherine Andrieu, Fauve au creux des absence, Éditions Parole et poésie, 2025.

 

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Catherine Andrieu
2 boulevard Thiers
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